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Guide Minimum Viable Product (MVP) : vendre un produit avant qu’il n’existe

Si ce n’est pas encore fait, je vous invite à lire l’introduction sur la méthode lean startup avant de vous attaquer au MVP !

Qu’est-ce que le MVP ? Comment l’utiliser dans le lancement d’une nouvelle activité en ligne ? Suivez le guide !

En une phrase : le Minimum Viable Product, c’est une version d’un nouveau produit qui vous permet de collecter un maximum d’apprentissages validés à propos de tes utilisateurs, avec le moins d’efforts possible. On reviendra plus tard sur la notion de “moins d’efforts possible”, mais vous devinez dès maintenant que l’objectif est de réduire le time-to-market et le coût du produit avant validation. En effet, personne n’a envie de passer des jours sur une idée qui va finir par se planter, pas vrai ?

Un MVP teste la valeur ajoutée uniquement

Un MVP, ce n’est pas votre futur produit. Il faut y retirer absolument tout ce qui n’est pas nécessaire pour valider votre valeur ajoutée. Il ne faut JAMAIS faire de fonctionnalités qui ne vous aident pas quand vous vous posez la question « est-ce que je devrais faire ce projet ou non ». Le seul et unique but de votre MVP est de valider votre postulat de départ, avec un minimum d’investissement !

Après avoir été testé, un MVP a forcément 2 issues :

  1. Soit on a des retours positifs : on apprend sur notre marché, on itère et on poursuit.
  2. Soit on a de mauvais retours : pas de marché, on ne valide pas, et on passe à autre chose (ou on fait pivoter l’idée).

Le MVP, c’est un go ou un no-go, oui ou non, tout ou rien. C’est de cette manière que vous optimiserez votre temps et vos ressources en vous focalisant sur l’essentiel.

Échouer, c’est bien ?

Il ne faut pas non plus oublier que l’échec fait partie de l’entrepreneuriat. Si on doit échouer, et on échoue plus souvent qu’on ne réussit, il faut le faire aussi rapidement que possible. Échouer coûte de l’argent, du temps, et entame votre motivation. Autant que ça arrive rarement et rapidement. Comme l’écrit Eric Ries dans Lean Startup : « Fail as fast as you can ». Si l’échec doit arriver, et il arrivera probablement, autant que ça se fasse vite.

La méthode Lean et le MVP vont donc vous permettre de :

  • Réduire drastiquement votre investissement en temps et en argent.
  • Vous assurer qu’il y a un marché pour votre idée.
  • Aborder la suite de votre projet sereinement, avec des résultats motivants.
  • Être quasiment sûr de ne pas vous planter magistralement.

Comme le dit Eric Ries dans Lean Startup : « Stop building things people don’t want« . Ça parait bête, mais je vous assure que beaucoup oublient ce détail au moment de monter leur business.

Une agence pour faire un MVP ? (Non)

N’allez pas voir une agence web classique ou un freelance pour réaliser votre MVP. C’est un processus qui doit être fait par toi et toi seul, ou alors accompagné par une structure spécialisée dans ce genre de projet (incubateur, consultant spécialisé ou autre). C’est indispensable pour que vous compreniez parfaitement le besoin de vos clients.

Une agence web ne sait pas et ne peut pas travailler sur ce genre de projet qui demande beaucoup de flexibilité, et aura tout intérêt à vous vendre une usine à gaz. Je le sais car j’ai monté une agence web, et j’ai reçu nombre de clients qui viennent sonner en détresse totale avec un produit à 30k€ qui ne donne rien car il n’a jamais été testé.

Comment faire un MVP ?

Avant tout, sachez que les bonnes idées peuvent échouer car elles ont été mal testées. C’est parfaitement possible, et les exemples pullulent sur internet. C’est pour ça qu’il est primordial de savoir exactement ce qu’est un MVP et comment le mettre en place.

En agence, on entend souvent beaucoup de confusions entre MVP, V0, prototype … Rien n’est comparable à un MVP. Ce n’est pas une version dégradée de votre application. Ce n’est pas le socle technique de votre futur produit. Un MVP, c’est l’effort minimum à produire en terme de temps et de ressources pour répondre à la question « est-ce que ce produit intéresse mon audience ».

Le MVP d’un zoo

Allez, un petit exemple : imaginons que nous sommes de célèbres entrepreneurs du monde animalier, et nous voulons construire un zoo dans la banlieue de Mulhouse. Seulement, on est pas certains que les Mulhousiens soient intéressés (rappellez-vous, on ne vient pas de Mulhouse, et même si on venait de Mulhouse on en saurait pas plus car nous n’avons rien testé !).

On a donc plusieurs possibilités : fait-on un seul enclos ? une maquette ? une visite virtuelle en 3D ? une vidéo de présentation ? Oui, ces propositions aideraient à valider l’idée, mais ça prendrait beaucoup de temps. Le MVP, c’est l’effort minimum à fournir pour valider ton idée. On peut donc simplement faire une page de précommande de ticket d’entrée avec un montage photo du futur zoo : « Fake it until you make it ».

Souvez-vous toujours que votre objectif dans un premier temps est de répondre à la question « est-ce que mon idée répond à un besoin », en d’autres termes « est-ce que mon idée a le potentiel pour avoir du succès ».

Admettons, on veut que ce zoo soit composé de :

A – Un enclos de girafes
B – Un aquarium pour les animaux marins
C – Un restaurant gastronomique
D – Une vue panoramique

Bien entendu, on ne va pas parler de tous ces éléments pour valider l’idée. On risquerait de noyer notre prospect sous les informations, et qu’il ne perçoive pas bien notre réelle proposition de valeur. Il faut aller droit au but, à la substance de notre idée pour lui donner de la visibilité auprès de nos prospects.

Pour ce faire, j’encourage mes clients à réfléchir en terme de business value pour prendre leurs décisions. Derrière cet énième anglicisme se cache une formule très simple.

valeur ajoutée / temps ou argent nécessaire

Dans le cas de notre zoo, si on garde en tête que notre objectif est uniquement de valider notre idée, on voit clairement qu’il est plus intéressant de faire un photomontage que de construire un réel enclos.

Pour revenir aux éléments du zoo, on va donc simuler A et B, et supprimer C et D, qui sont certes intéressants mais qui ne nous aident pas à savoir si la valeur ajoutée de notre produit est validée par notre client (à savoir : divertir avec des animaux). Pour savoir sur quoi se concentrer, il faut absolument être très au clair sur ce que notre produit apporte concrètement, et quelle est sa véritable valeur ajoutée.

La page de précommande n’est pas une version dégradée de notre zoo, ni le socle qui permettra de le rendre scalable. C’est une simulation, dont le seul objectif est de nous valider le besoin par l’apprentissage.

Du coup, c’est quoi un MVP ?

Le MVP, c’est prendre notre idée, la réduire au strict minimum, mais laisser la proposition de valeur intacte. C’est de cette façon que le MVP pourra nous aider à comprendre si oui ou non il faut continuer dans ce projet. Votre MVP peut être moche, un peu cassé, pas optimisé, pas scalable. Tant que ça vous dit oui ou non, c’est un MVP, et sa valeur est inestimable pour votre projet.

Le MVP, ce sont des itérations. On construit un produit pour répondre à la question « est-ce que je devrais faire ce projet » : on mesure, on apprend, et on adapte.

Attention cependant, le MVP n’est qu’une petite partie du modèle Lean que nous avons expliqué plus tôt. Un MVP seul ne sert à rien. Il faut l’état d’esprit et la stratégie qui vont avec.

Finissons cette section une petite citation de Reid Hoffman (fondateur de LinkedIn) : “If You’re Not Embarrassed By The First Version Of Your Product, You’ve Launched Too Late”.

Jusqu’où pousser le côté « minimal » du MVP ?

La première question qu’on se pose, c’est jusqu’où on doit pousser le côté “minimal” du MVP. Si on en met trop, on risque de passer à côté de notre proposition de valeur, et si on en met pas assez, elle risque de ne pas être comprise.

Il suffit donc de faire 2 choses :

  1. Définissez-vous un objectif, qui, s’il est dépassé, fera office de validation de ton idée. Cet objectif est lié à un KPI, par exemple : plus de 5% de conversion, 200 emails dans une liste, 1000€ de pré-paiement …
  2. Pouvez-vous la question suivante : quel produit (ou service, c’est un produit) peut me permettre d’atteindre cet objectif avec le moins d’efforts (financiers et temporels) possible.

Attention, les retours que vous devez avoir pour atteindre cet objectif ne doivent pas être biaisés. Ne vous basez pas uniquement sur les retours de vos proches, qui seront tentés de vous encourager. La seule validation viable, c’est quand un prospect que tu vous connaissez pas fait une action pour vous (idéalement, sortir sa carte bancaire).

À qui s’adresse mon MVP ?

À ce stade, vous vous direz surement : “mais si je fais un truc minimal, ça va être moche et personne ne voudra payer pour ça”. Laissez-vous donc vous présenter la notion de courbe d’adoption d’un produit, avec ce magnifique schéma fait par mes soins.

courbe adoption mvp

Vous connaissez peut-être déjà cette notion, largement utilisée dans tous types d’entreprises (pas uniquement startups). Elle décompose tes clients potentiels en plusieurs niveaux de “maturité” :

  • Les innovateurs (2.5% du marché)
  • Les early adopters (13.5% du marché)
  • La majorité (34% du marché)
  • La majorité tardive (34% du marché)
  • Les retardataires (16% du marché)

Les innovateurs et early adopters vont être intéressés par le produit et vont payer pour en premier. La majorité n’adopte le produit que quand il est un peu plus mature. Les retardataires, eux, n’adoptent le produit que quand il a déjà été adopté par les groupes précédents.

À terme, si tout se passe bien, votre produit s’adressera probablement à la totalité de votre marché. Cependant, pour valider votre idée, nous n’avons pas besoin d’un retour de l’intégralité de votre marché. Un échantillon suffit.

Puisqu’il faut prendre un échantillon, autant prendre celui pour qui ta proposition de valeur sera la plus forte avec un produit moins « poussé », et qui seront donc les plus faciles à convaincre. Celui pour qui, même si votre MVP est moche, la valeur que vous apportez sera tellement forte qu’il voudra tout de même en savoir plus. On va donc cibler uniquement les innovateurs.

Pourquoi ne pas cibler les early adopters ? Les innovateurs et early adopters sont tous les deux intéressés par ton produit, mais les innovateurs s’en fichent que d’autres l’utilisent déjà ou non. Ils s’en fichent que ce soit moche, frustrant. Ils aiment tellement votre proposition de valeur qu’ils font abstraction de tout ça, et vous prouvent pas la même occasion que votre idée a le potentiel de toucher 100% du marché.

Le Minimum Viable Product en 4 points

  • Un MVP, c’est ton idée réduite au maximum mais avec la proposition de valeur intacte
  • On ne sait rien tant qu’on a pas testé et validé par l’apprentissage
  • Il faut mettre son produit face à ses clients le plus vite possible (Fake it until you make it)
  • Pour ce faire, il faut se concentrer UNIQUEMENT sur la proposition de valeur

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